Neurotech est un projet en constante évolution. Bien que l’on retrouve une certaine marque de fabrique, chaque album possède son propre caractère. Comment définirais-tu Neurotech pour ceux qui ne connaissent pas ?
Je dirais que c’est de la musique lourde et atmosphérique qui puise ses influences dans de nombreux genres différents. Un mélange d’électronique, de futurepop, de symphonique, de new age, de trance et de metal.
Stigma, ton nouvel album, est sorti le 7 juin. Selon toi, quelles surprises l’album recèle-t-il par rapport à tes précédents efforts ?
Il a son propre caractère, comme tous mes précédents. Beaucoup plus concentré sur le design sonore, les paysages sonores luxuriants, un peu plus d’orchestre et encore une présence un peu plus forte de la trance, qui remonte à l’époque Transhuman. Par conséquent, je pense que c’est le voyage musical le plus diversifié à ce jour, avec tous les différents aspects de ma personnalité musicale. Un album que je voudrais personnellement entendre en 2015.
Tu travailles seul ou presque, de la composition à la production en passant par le mixage et le mastering. As-tu certaines méthodes de travail pour gérer tout ça ?
Ouais, bien sûr, et j’affine également le processus à mesure que j’avance. Le principe de base est d’écrire beaucoup de chansons, de sélectionner les meilleures d’entre elles et ensuite de passer beaucoup trop de temps à les peaufiner. Voilà comment je fais mes albums. Je ne dirais pas que ça devient plus facile au fil des ans, mais je suis beaucoup plus expérimenté et je sais ce qui fonctionne pour moi, voilà pourquoi il y a un laps de temps un peu plus court entre les albums et les sorties. J’ai heureusement toujours beaucoup d’idées, mais tout se résume à l’art de les sortir et de se faire une idée dans la réalité de la meilleure façon possible.
Quelque chose que l’on retrouve toujours chez Neurotech, c’est les pochettes très travaillées. Celle de Stigma n’est pas en reste. Quelle signification lui accordes-tu ?
Je préfère ne pas trop en dire sur mon opinion à ce sujet, parce que je veux que les auditeurs se fassent leur propre opinion. L’album traite d’intimité, d’endurance, d’épreuves qui sont toutes des expériences humaines universelles. Tout est à propos des gens.
Ta musique elle-même est très visuelle. Est-ce que l’image que renvoie un artwork est quelque chose d’important pour toi dans la représentation de ta musique ?
Ça vient du sentiment que tu obtiens de la musique. Quand j’ai un tas de chansons faites, je commence à créer ma propre couverture d’album pour elles. C’est ce que j’ai fait pour tous mes albums. Je l’enregistre ensuite comme mon fond d’écran et je l’affine en même temps que j’affine la musique. Quand les chansons sont faites j’envoie la couverture aux concepteurs et leur explique de quoi il s’agit, puis je les laisse appliquer leur magie, donner leur propre personnalité et la rendre unique.
Aimerais-tu réaliser des clips pour tes morceaux ? J’imagine que c’est surtout une question de budget non ?
Le budget, le timing, avoir les bonnes personnes en même temps… C’est déjà difficile de continuer à sortir des albums avec un très haut standard en ce qui concerne la conception et l’ensemble de la logistique et de la production autour de ça. Pour un seul mec gérant tout depuis sa chambre c’est ça.
Tes textes ont toujours une certaine profondeur. Je pense par exemple à la première partie de Blue Screen Planet qui est assez impressionnante de ce point de vue. Cherches-tu à transmettre des messages ou simplement exprimer certaines émotions ?
Les paroles viennent avant tout de la musique. J’entends certaines phrases quand je compose de la musique. Selon l’humeur et l’émotion de ces lignes clés, je les finis de la manière la plus appropriée – selon ce que la chanson appelle. Elles ont toutes une signification et sont écrites un peu en un sens large afin que les auditeurs puissent remplir les blancs et obtenir leur propre message d’elles. À part ça, je ne cherche pas à imposer des intentions cachées ou à être trop spécifique sur certaines choses.
Tes premiers EP ou albums étaient très différents, plus metal et brutaux, que ce que tu fais aujourd’hui. Quel regard portes-tu sur ces réalisations ?
Je suis toujours fier d’eux, parce que c’est exactement ce que je voulais faire à l’époque. Je viens d’un milieu death et black metal, je jouais cette musique tout au long de mon adolescence dans différents groupes depuis de nombreuses années avant que je commence avec Neurotech. Donc, je suppose que j’ai naturellement incorporé certains de ces éléments dans mes premiers travaux de Neurotech. Ça semblait bien à l’époque, mais aujourd’hui je n’ai aucune passion pour écouter ou écrire de la musique agressive. Ce n’est pas dans mon ADN.
Ta musique a un aspect futuriste. Quelle est ta vision du monde aujourd’hui et comment le vois-tu évoluer ?
Je suis bien trop ignorant des événements extérieurs pour en avoir encore une vision définie. Je ne regarde pas les informations, je ne porte aucun intérêt à la politique, je n’ai même pas une télévision. Je suis plus intéressé par l’art et la technologie, et il y a beaucoup de choses nouvelles et remarquables qui sortent presque tous les jours qui paraissent excitantes. Nous verrons.
Et la musique de demain, elle ressemblera à quoi selon toi ?
Je pense que ça va suivre le modèle de tout mélanger ensemble. L’idée des genres est révolue depuis longtemps, l’augmentation des hybrides est beaucoup plus répandue aujourd’hui qu’elle ne l’était par le passé. Les gens qui combinent différents styles à travers leurs propres goûts musicaux et leurs personnalités. Je pense que c’est une très bonne chose.
Neurotech est un projet non seulement moderne d’un point de vue musicalement parlant, mais il utilise aussi toutes les possibilités offertes par Internet. As-tu déjà imaginé comment tu aurais pu réaliser un tel projet dans les années 80 ou 90, avec les moyens de l’époque ?
Hmm difficile à dire. Deux scénarios. Si j’étais assez chanceux pour obtenir un (bon) contrat j’obtiendrais probablement plus de reconnaissance. Si je suis réaliste et que je n’ai pas de label derrière moi et que je sors ma musique indépendamment comme je le fais aujourd’hui, ce serait encore plus dur et probablement personne ne saurait jamais que j’existe. Internet a beaucoup aidé.
Tu as un rythme de travail assez impressionnant, il ne se passe pas une année sans une nouvelle sortie de Neurotech. Sais-tu déjà ce que tu nous réserves pour la suite ?
J’ai écrit beaucoup de titres instrumentaux au fil des ans. Après Stigma je pense qu’il est temps de faire un seul album spécial avec des travaux instrumentaux complètement électroniques.
Merci beaucoup Wulf, je te laisse le mot de la fin !
Merci pour l’interview, et un grand merci à mes fans et supporters !
Neurotech, en écoute et en téléchargement sur Bandcamp.